Paris, 22 janvier 1978
Cher Valère Novarina,
Je salue l’avènement des Novarina, il y a aussi un Patrice qui se manifeste avec éclat. Je salue la libération de l’écrire, je salue l’écrivain, qui a enfin rompu sa laisse et gambade allègrement. Le monde est à lui maintenant. On repart de bon pied.
Amitiés
J.D.
Je salue l’avènement des Novarina, il y a aussi un Patrice qui se manifeste avec éclat. Je salue la libération de l’écrire, je salue l’écrivain, qui a enfin rompu sa laisse et gambade allègrement. Le monde est à lui maintenant. On repart de bon pied.
Amitiés
J.D.
Trécout, 20 août 1980
Cher Jean Dubuffet,
Votre lettre m’est bien parvenue et m’a fait un immense plaisir : je suis très heureux que vous ayez été attentif à mon Théâtre des oreilles à la radio.
Isolé dans la montagne, je reprends mes durs travaux d’écriture. Les quelques voix amies qui commencent à se faire entendre me soutiennent. De ma fenêtre je vois Lausanne et j’envoie à votre Musée de l’art brut des signaux fraternels.
Avec toute mon amitié
Isolé dans la montagne, je reprends mes durs travaux d’écriture. Les quelques voix amies qui commencent à se faire entendre me soutiennent. De ma fenêtre je vois Lausanne et j’envoie à votre Musée de l’art brut des signaux fraternels.
Avec toute mon amitié
Valère Novarina
Extrait de la version publiée en tête du n° 1 de l’édition française deFlash Art, automne 1983, pp. 4-10.
V.N. : Savez-vous peindre ?
J.D. : Dans le langage courant savoir peindre signifie le faire en conformité des conventions usuelles. J’y suis inapte. Ni bien doué ni bien exercé. Observez qu’on appelle doués ceux qui sont mieux que d’autres portés à adhérer et à imiter, ce qui ne va guère dans le sens de la création. On appelle bien peindre le faire en fonction des critères reçus. Dans mon optique cela s’inverse. Je vise à des ouvrages qui renouvellent la pensée, qui la transportent sur des terrains neufs et qui par conséquent récusent les notions coutumières sur lesquelles se fonde le bien peindre. Tout ce qui est susceptible de relever du bien peindre est dans mon regard à révoquer. Qui cherche des positions neuves doit s’embarquer sans bagage. J’ai observé que la moindre attache qu’on a conservée avec les territoires dont on veut s’éloigner, le moindre lien qu’on a oublié de couper, fait obstacle au déplacement. Tout se tient et tant qu’il reste une seule balise en place on n’est pas quitte du balisage. Il faut perdre pied complètement. Observez qu’il y a une façon de bien peindre, tandis que de mal peindre il y en a mille. Ce sont celles-ci dont je suis curieux, dont j’attends du neuf, des révélations. Toutes les façons de mal peindre m’intéressent, m’apparaissent génératrices de positions de pensées nouvelles.
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